Paris 18. Quartier Clignancourt

J’ai toujours trouvé cette boîte mignonne. Je ne pense pas qu’elle soit très ancienne, mais sa forme imite l’ancien, et le dessin qui est gravé sur le couvercle reprend les codes vestimentaires d’un temps plus ancien : des jeunes gens se font face, lui avec un chapeau tricorne, très en vogue au XVIIIᵉ siècle, est souriant, avec un panier rempli de fleurs. Il tend une fleur à la jeune fille. Elle, avec son fichu sur la tête et sa robe longue, semble accepter la fleur. A ses pieds un petit chat se faufile.

Une petite serrure permet de fermer la boîte, mais je n’ai jamais eu la clé.
Le métal argenté est un peu noirci avec le temps.

C’est dans cette petite boîte que ma mère rangeait ses bijoux.

Enfant, j’avais accès à cette petite boîte, je regardais les bijoux qu’il y avait dedans.
J’admirais beaucoup ma mère. Elle était institutrice. La valeur la plus importante qu’elle m’a transmise c’est d’aimer en respectant le choix des autres. Elle a toujours respecté mes choix, et ceux de mon frère et de ma sœur. Je suis émue de raconter cela.

J’ai toujours vu cette boîte posée sur une commode de la chambre de ma maman, et à côté de la boîte se trouvait un portrait de famille des années soixante-dix avec mon père et ma mère, mon frère et ma sœur. Nous posons dans le jardin de notre maison à São Paulo, au Brésil. Ces deux objets sont associés, ils ont toujours été côte à côte.

Avec les années, la photo perd ses couleurs et je trouve cela émouvant, cette notion du temps qui passe, des teintes qui s’effacent… Je suis nostalgique de cette époque où ma mère vivait encore, c’était ma jeunesse, une vie de famille qui n’est plus, une époque révolue. Cela me ramène aux années soixante-quinze, j’avais alors quinze ans, j’habitais chez mes parents et ils vivaient encore ensemble.

Quand ma maman est décédée, j’ai récupéré la boîte à bijoux avec ce portrait de famille. Ils sont toujours ensemble, sur le même meuble dans mon appartement de Paris où je vis maintenant.