Bry-sur-Marne. Val-de-Marne

Que raconter ? C’est ce que je me demande en regardant, posée sur la bibliothèque, une boîte en carton décorée de papier.
C’est une boîte gigogne d’une dizaine de centimètres qui contient une douzaine d’autres boîtes, dont la plus petite fait moins d’un centimètre avec son couvercle.
Elles ont été faites à la main par mon père, avec du papier peint et de la colle sur les extérieurs, tandis que les couvercles sont décorés de motifs découpés dans du papier.
La boîte principale a également du tissu sur les extérieurs.

Cette série de boîtes qui a perdu ses couleurs date de plus de 80 ans, et c’est le seul souvenir que j’ai de mon père, disparu pendant la Shoah.

Ces boîtes ont été collées morceau par morceau, et je me souviens très bien de mon père qui me montrait et m’expliquait comment les fabriquer, tout en nous amusant.

À l’époque, nous habitions à Nice et mon père était fabricant de casquettes. Il travaillait à la maison, une pièce de l’appartement lui servait d’atelier.

Je le vois encore nous amener à la mer quand il faisait beau, et à l’opéra dans le Palais de la Jetée avec ma mère, et mes frères et sœurs.

Je ne sais pas comment j’ai pu récupérer ces boiîtes. En 1945, nous sommes montés à Paris chez ma grand-mère maternelle, qui habitait alors à Montreuil.

Après l’Occupation, ma mère a récupéré les affaires qui restaient dans l’appartement, je suppose que c’est là qu’elle a dû récupérer ces boîtes.
Je les ai toujours vues chez ma mère, et je les ai récupérées après mon mariage.

Elles sont fragiles et le carton se décolle par endroit, j’y touche très peu. Mais je les vois tous les jours, dans mon bureau.

En regardant ces boîtes, je pense à beaucoup de choses, à des souvenirs d’enfance qui me reviennent.