Seine-Saint-Denis. Villiers-sur-Marne
C’est un réveil rectangulaire des années soixante-dix . Il est abîmé et un peu rouillé. Derrière les aiguilles il y a une photo du Vieux-Port de Marseille avec la mer.
C’était le réveil de mon père. Il l’a acheté à Marseille quand il a débarqué pour venir travailler en France. Il avait alors un poste chez Peugeot dans le Val-d’Oise, et il utilisait ce réveil tous les matins, pour se lever et aller travailler.
Il l’a utilisé pendant des années, et à force de le remonter, le ressort cassait et il fallait le faire réparer. Il l’a cassé au moins dix fois !
A l’époque, mon père faisait beaucoup d’allers-retours France-Algérie. C’était fatigant et dur pour lui de ne pas être avec sa famille. Ma mère ne souhaitait pas spécialement venir en France.
Alors, quand mon père a eu une proposition de travail à La Poste, en tant que technicien, il a accepté tout de suite et nous sommes restés en Algérie, tous ensemble.
Nous vivions bien en Algérie, on avait une maison, du travail, nos amis et notre famille.
Ce n’est que plus tard, lorsqu’il y a eu les évènements terroristes des années quatre-vingt-dix, que nous avons voulu bouger, et que cette fois, c’est moi avec mon mari et mes enfants qui sommes venus en France.
Ce réveil, je l’ai rapporté il y a 7 ou 8 ans de chez ma mère. Il était, à cette époque, dans sa bibliothèque, bien rangé dans un tiroir. Elle l’avait gardé avec elle, à Oran, toutes ces dernières années.
Depuis, je garde ce réveil et il est placé à côté de la photo de mon père : un tirage agrandi de sa photo d’identité lorsqu’il était jeune et qu’il a rencontré ma mère…